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Mes Langues aux chats
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9 septembre 2011

Politiquement correct

L'autre jour, je parlais avec une personne qui fait du Grecoulatin. Enfin, des langues comme ça, qui ne sont plus parlées par de vraies personnes, et, étant donné que je donne des cours et fais des amusettes avec une des langues les plus parlées par de vrais gens, je me suis un peu sentie moche. 

Oui, moche comme si j'étais une participante aux triathlons des Jeux Olympiques qui parlerait à Helen Keller, ou à Stephen Hawkins, si vous voulez. C'est pas Sénèque au Colbert Report, donc bon, j'avais un peu de mal à me mettre dans la chose (tout en nourissant ma curiosité presque malsaine envers les vieux manuscrits, parce que le Vieil Anglais, c'est beau comme tout). 

Et au cours de la discussion, toujours comme mon athlète là, je me suis sentie moche d'utiliser l'expression "langue morte". Parce que ça fait un peu "je suis désolée pour ta langue que tu adores et que tu sais faire des blagues comme Sénèque, et l'amour comme Ovide, sauf que moi je représente Britney Spears en érotisme, et Snoop Dogg en rhétorique donc tu peux pas test". Cet espèce de mélange de respect parce que c'est classe de s'accrocher au grecoulatin et de résister aux profs de ces disciplines (ma prof de latin était horrible), et en même temps, de trollisme latent voulant lui envoyer des blagues parce que bon, faut pas déconner non plus, mais l'anglais c'est un peu la langue encore plus bonne que la plus bonne de tes langues, t'vois (merci Joey Starr pour cette comparaison). 

 

Et donc je tournais autour du pot, genre "Eeeehh... et l'enseignement des langues... gnnn... du grecoulatin... gnn, euh... " et autres marivaudages coquinous autour du pot. Et puis "langue morte" est sorti au milieu d'une phrase, après une gorgée de café, je pense, et il est passé... presque bien. J'ai bien senti ses yeux se braquer sur ma bouche, comme pour fusiller mon appareil phonatoire après avoir osé balancer le bébé, mais la conversation continua de son pas bonhomme. 

Mais ma grecoulatiniste (grecetlatiniste, en fait) avait ferré le poisson. Alors, en échange de "Langue Morte", elle me confia le nouvel idiome, politiquement correct comme on dit en langues anglo-saxonnes, pour parler du grec, du latin, du norrois, du vieil anglais, du sanskrit (encore que), ou du proto-indo-européen.

(la scène est évidemment très exagérée, pardon, je sais que tu me lis, pardon bis) :

 

ovidius

"On dit LANGUES VIVACES, bitch, LANGUES VIVACES parce qu'elles ne sont pas MORTES, elles RESISTENT, interfice te cochleare !!"

 

Après, elle m'a lancé une cuillère, je n'ai pas compris le lien avec le reste, mais même sans avoir compris la fin, je préfère aussi le terme de "langues vivaces". Parce que c'est vrai qu'on a mine de rien un bon fond grecoulatin qui nous permet de faire des mots nouveaux et/ou savants pour contrecarrer l'entrée d'anglicismes qui tacheraient trop (un peu c'est bien, trop c'est trop), et qu'on serait bien embêtés sans le grecoulatin. 

Et puis s'il existe encore des gens pour l'apprendre, il est important qu'il existe aussi des gens pour  l'enseigner à ces gens qui vont autant se goberger sur du Virgile que nous sur du Beckett. Enfin, je dis "nous" avec un pronom inclusif, mais je ne fais pas de littérature, quand même, faut pas déconner. Donc je suis d'accord pour le terme de "langues vivaces", même si ça me fait penser à une plante qui résiste à l'hiver rude. J'ai aussi trouvé un équivalents tel que "langue éteinte" peu satisfaisant. Et puis le latin est toujours la langue officielle du Vatican (et apparemment, la langue s'est enrichie de 60 000 mots pendant les deux derniers siècles, cf "vis atomica", puissance nucléaire). Et puis le grec ancien, c'est pas comme s'il ne s'était pas transformé pour être encore parlé par la population grecque, donc l'objection à "langue morte" est retenue. 

En revanche, le burgonde, à moins qu'on me trouve un locuteur, ou un étudiant ou professeur qui en fait son beurre, là, je garde "langue morte". Non mais.  

 

Alors voilà, pour me faire pardonner, une offrande pour les profs de latin : un mini-lexique avec une fiche d'exercices à base d'insultes latines... EN ANGLAIS, HA-HAH ! Voyez que les langues VIVANTES, c'est IMPORTANT AUSSI !! Tiens, pan dans les dents ! N'oubliez pas, Illegitimi non carborundum ! 

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