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Mes Langues aux chats
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28 septembre 2006

Notre nouvel ami des anglicismes

    Les Anglicismes. Bouh, caca, méchants. Vilain « hardware », « week-end » (ha, le magazine « Bon Week »!), prout le « cow boy » et le « meeting ».

    Voilà en substance le message délivré par Yves Laroche-Claire, qui a décidé on ne sait pourquoi de pondre un livre intitulé « Evitez le franglais, parlez français ». Dans ce livre, de bonnes initiatives, de jolies traductions qui respectent le Français de Toujours, avec Ses règles, Ses bons gros suffixes et Ses racines bien de chez nous. Tiens donc. Notre bon Français, jamais influencé par le Francique (pour le vocabulaire de l’armée par exemple), par l’Arabe (astronomie et mathématiques), et qui n’a jamais, jamais, jamais influencé l’Anglais (britannique).

    Mais ce qu’Yves (qu’il me permette de l’appeler par son prénom) nous délivre, ce n’est pas ce message de paix entre les langues, non, lui il va plus loin, et il nous envoie un message cosmique de traductions farfelues sorties d’on ne sait où.

    Exemple, « zapping ». Bon, ce mot est rentré en français, et Yves nous dit que « tour des chaînes » est un bon équivalent. Jusqu’ici tout va bien, mais, en grand farceur qu’il est, il essaye de faire du zèle, et nous donne aussi «flânerie cablée», « boutonnage » et autres fantaisies.

    Yves fait également dans la traduction de mots bien intégrés au français, comme « gadget ». Là arrive la dimension co(s)mique sus-mentionnée, puisque selon lui, on devrait dire « amusette ». Ah là oui, c’est festif, amusette. On sent tout de suite l’humour de cet homme sensible, qui dit dans la préface « c’est pas bien de traduire les xénismes , les mots qui viennent d’un contexte britannique ou américain, là on n’y touche pas ». Oui, enfin il nous traduit quand même « cowboy » par « garçon vacher » ou « aventurier », dans des exemples pris dans l’ « Ouest américain » (ces aventuriers qui, dixit Yves, ‘vouent un culte sans limites à leur cheval’) .

    Je suis peut être de mauvaise foi, mais quand même, je pense que là, Yves en fait trop pour nous, petits francophones. Je l’imagine, fébrile, se disant « han, ‘clown ’ ça peut plus durer. Je vais leur proposer ‘farceur’ à la place... Oui, ‘farceur’, c’est bien. Et ‘bouffon’ et puis ‘fantaisiste’ aussi. C’est bien ça... ». Oui, bouffon, vraiment, c’est bien.

    Bon, je critique méchamment, mais en vrai, à part les définitions saugrenues, y’a aussi des points utiles sur les glissements de sens de mots français, « sévère » (comme quand on dit « de sévères pertes » au lieu « de lourdes pertes »), « alternatives » et ainsi de suite. Là ça va, ça vaut la peine de savoir tout ça, et puis c’est marrant d’apprendre que l’expression « été indien » n’existe pas en français, mais qu’il faudrait dire « l’été de la Saint-Martin ». Joe Dassin, si tu nous entends, corrigeons ensemble ta chanson.

On ira

Où tu voudras quand tu voudras

Et on s’aimera encore

Lorsque l’amour sera mort

Toute la vie sera pareille à ce matin

Aux couleurs de l’été de la Saint-Martin !

Ca passe, ça passe pas mal. Faut juste accélérer le dernier vers, mais sinon, « indien », «Martin », ça rime, c’est formidable.

    Et puis un autre point positif de l’ami Yves, c’est qu’il trouve lui aussi toujours des mises en situation et des exemples ahurissants.

« Epouser une fille de couverture d’origine hongroise ». (cover-girl)

Je pense qu’il crève de jalousie à cause de la femme d’un ami, et qu’il a voulu se venger en les citant discrètement: « Humpf, ce type-là a une femme tellement vulgaire, allez, je vais parler d’eux, ça va leur faire les pieds ! »

    Comme je suis quand même super sympa, je donne la référence complète du livre... Et vous propose un petit jeu: munissez-vous d’amis, du livre, d’un petit carnet et d’un crayon. Ensuite, ouvrez la Bible des Anglicismes à n’importe quelle page, et demandez à vos amis soit:

-d’imaginer un équivalent français à un anglicisme

-de retrouver le mot original d’après les propositions de traduction d’Yves.

    Comptez les points, et, pour corser le jeu, n’hésitez pas à donner les définitions les plus illuminées de notre ami, comme « boîte à musique » pour juke-box (y’a aussi « machine à disques automatique » mais là c’est trop simple). Après test, je peux vous assurer qu’il faut au moins une demie-heure pour comprendre comment Yves réfléchit.

LAROCHE-CLAIRE, Yves, Evitez le franglais, parlez français. (2004)

Ed: Albin Michel, collection Les Dicos d’or. Prix marqué sur le derrière du livre (enfin, la quatrième de couverture, en gras, TTC):12€

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Commentaires
W
Je rappelle (et le manche) que « zapping » tire son origine des comics, et du rayon de la mort dont l’onomatopée était toujours « ZAP ». D’où la formation de « to zap », tuer une émission avec le rayon de la mort.<br /> <br /> Quelque part, « ZAP3 étant une onomatopée de BD et pas un verbe anglais à proprement parler, on aurait pu construire « zappage » et je pense que le verbe « zapper » est convenable. Encore que mon défunt père utilisait « zapouiller », ce que je trouve assez croquignolet.<br /> <br /> Ce que je ne comprends pas, avec l’obsession des gens qui refusent tout anglicisme par principe, c’est qu’ils oublient que :<br /> <br /> 1) une langue se construit par interaction avec d’autres langues (ou meurt)<br /> 2) notre langue en est truffée depuis belle burette, comme Succube l’a gentiment et parfaitement rappelé. <br /> <br /> <br /> Enfin il faudrait peut être aussi signaler à Yves ( Hailleveuz) que « Humour » vient de l’Anglais. Mais je ne suis pas certain qu’il ait assez de « Spirit » (qui lui vient de Jean Claude) pour apprécier…
M
Bah voyons ... comme si le français était une langue morte qui ne devrais jamais (au grand jamais) être influancé par d'autre langue. :-/<br /> <br /> Ahlala ... Je suis sur que ce type a du avoir de sacrés problèmes en cours d'anglais durant toute sa scolarité.
A
Le câble, je pense que c'est ce cher Yves qui l'a pété : à l'heure du sans fil et des discriminations qui font que certains n'ont pas les moyens de se le payer, comment pourrait-on encore parler de "flânerie câblée" ?
T
Le mot "flânerie câblée" est assez séduisant, j'avoue... (bon, d'accord, c'est ridicule, hmpfhf). <br /> Ca me fait penser (mais en différent) au Lexicon recentis latinatis, dictionnaire latin/français publié par le Vatican, avec de nouvelles entrées farfelues. On peut y trouver "dire" (urgh-urgh) "hot dog" (pastillum botello fartum), "hippie" (conformatis osor), "machine à laver la vaisselle" (escariorm lavator), entre autres joyeusetés. (Fear)
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