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Mes Langues aux chats
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2 septembre 2011

"Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire"

J'aime assister à des conférences, d'autant plus des trucs de doctorants, dans des laboratoires pleins d'acronymes "Nous sommes l'équipe de recherche AGLAE et nous sommes en partenariat avec le TOUF, le CNRS, le TINTIN et le ARPONE". J'aime d'ailleurs beaucoup faire des présentations hésitantes avec des powerpoints surchargés et serrer les fesses en attendant les questions réglementaires.

 

Ce que j'aime le plus, ce sont (bim, vif du sujet) les blagounettes de linguistes. Oui, bon, ok, on peut faire une farce dans sa présentation, mettre des smileys cools sur la dernière diapo "Merci, ne me tapez pas ;) ;) LOL", parler de trucs qui seraient rigolos si on était pas des scientifiques, merde (cf une présentation très sympathique sur la formation de l'argot, avec un exemplier un peu laullesque et une pointouillette d'accent wèsh de la part de l'intervenant); et je ne parle pas des thèmes généraux qui amènent direct la gaudriole. Non, là je veux dire "quand nos pensées dépassent nos mots et qu'on part dans le n'importe quoi, une sorte de dimension qui n'existe que pour nous et que les spectateurs, glacés, assistent à la mise en orbite du Spoutnik de l'Absurde". 

 

 

Je vous plante le décor : une jeune femme fort sympathique, une présentation sur l'acquisition des adjectifs dans la parole des enfants (j'ai beaucoup d'appréhension à parler aux gens qui travaillent dans le domaine de l'acquisition du langage, parce que même si ça m'intéresse beaucoup, quand je le leur dis, la réponse est "Parce que TU ES MAMAON  ET QUE TOI AUSSI TU FAIS DES RELEVES SUR TES POULITOUS D'AMOUR COEUR COEUR". Et là, la pensée d'avoir un enfant m'étreint le coeur, mais moins comme une pensée romantique avec Edward le Vampire de Twilight que la main de Subzero dans Mortal Kombat qui ferait une Fatality en écrasant le coeur de son adversaire. Du coup, je vomis, et ça fait très mauvais genre pendant le buffet de la pause-café).

subzero-fatality-mortal-kobat-i_imagenGrande

(pour les non-connaisseurs : Mortal Kombat est un vieux jeu de combat que j'aimais beaucoup, à l'époque où il n'y avait que 6 personnages; Sub Zero, le ninja de l'illustration, réalise en fait une Fatality (après une victoire écrasante) en arrachant tête et colonne vertébrale de son ennemi, pour faire bonne mesure)

J'aime donc énormément, mais en secret, alors du coup j'étais bien aware du réveil, et je prenais des notes en faisant "hum hum" avec la tête, pour lui montrer que j'étais là, présente et tout. Et là, la jeune femme nous dit "....Et le syntagme "Gros caca" forme un bloc compact". 

L'assistance se fige, quelques rires discrets se font entendre, et notre pauvre conférencière, rouge, reprend comme elle peut ses esprits et sa présentation, après un "ce n'est pas exactement ce que je voulais dire". Bah tiens. On a patouillé dans le "gros caca bloc compact" pendant encore deux diapos, et personne, même pas un linguiste historique ou un phonéticien n'a osé lui faire de blague pendant les questions, c'est vous dire. 

 

Tout ça alors qu'elle aurait pu baliser ce qu'elle disait, au lieu de plonger la tête la première dans son horreur...

 

Cette historiette (d'aucuns diraient anecdotine) me rappelle un fait de langue qui m'amuse énormément et que, hélas, je n'ai pas encore pu documenter. L'expression "si je puis me permettre". Parce que souvent, la personne qui dit "si je puis me permettre" ou "vous excuserez mon langage", "si je puis dire" et autre avertissement linguistique, en fait, elle a droit à une sorte d'effet Kiss Cool : elle balise la suite de son discours en "attention, ça va déménager woot woot ce que je vais dire", mais elle se donne en même temps quelques secondes pour réfléchir à un mot ou à une expression peut-être plus convenable dans le contexte. Par exemple "Et là, euh, la fille, elle dansait, euuuh... bah euh si je puis me permettre de façon olé-olé !". 

Du coup, la béquille ne sert à rien (sauf pour ma conférencière, parce que là, ça aurait été utilisé parfaitement),  on s'attend normalement à "comme une gourgandine/coquine/vilaine", même, et puis en fait ça retombe comme un soufflé. Souvent, la personne qui dit ça est une petite dame dans la télévision, en troisième partie de soirée, dont les voisins sont des salauds parce que [sombre histoire de haie et/ou de voie de servitude qui est injustement utilisée par les voisins qui ont la mauvaise habitude de montrer leur mécontentement et leurs fesses quand les autres ont des invités, et autres lancers de mégots sur le jardin, voire empoisonnement de chien carrément]. Ca fait quelques temps que ce "si je puis me permettre" et ses petits frères me hantent. Je me demande si je vais réussir à trouver un bon exemple ou deux. Reste plus qu'à aller regarder (gasp) des émissions putassières devant des chaînes de télé qui font peur. 

Ou alors de surfer sur votre gentillesse, si je puis dire, parce que si vous aviez des exemples de la Vraie Vie, ça m'arrangerait pour mes nuits dérangées d'insomnies linguistes.  A vot' bon coeur ! 

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Commentaires
T
S'il l'utilise tout le temps, même quand c'est bof (qu'il peut pas changer à "éléou" ou "ilsontou"), je pense dire "bloc compact", tu vois. Mais je ne suis pas spécialiste en poulitous ou en analyse du discours, alors bon :)<br /> <br /> Je suis certaine que Babar est très beau :D
G
Si je puis me permettre : ahaha.<br /> <br /> ça me fait penser à un truc - d'abord j'aime pas mettre des C majuscules pour les cédilles - d'avoir tous les soirs "iléou babar ?" "Alors tu vois Babar qui prend son bain il est là sur le mur" se fait s'interroger sur le statut de "iléou"...est-ce un bloc compact ?
T
Ah bah attends, c'est effectivement pas ce que je voulais dire avec cette énigme du pourquoi je fais des fautes de concordance avec des raisonnements tirés par les cheveux ! :)
S
Je me suis senti comme l'assistance de cette conférence ! :)
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